>
La pénurie d’ingénieurs et son impact sur le marché de l’IT

Marché de l'emploi

 

En France, la question de la formation est au cœur des préoccupations du ministère de l’Éducation, particulièrement dans le secteur de l’ingénierie qui fait face à une pénurie de diplômés. Actuellement, 45 000 étudiants obtiennent leur diplôme d’ingénieur chaque année, mais ce chiffre reste insuffisant. Il manquerait environ 20 000 ingénieurs supplémentaires pour combler les besoins des entreprises, qui expliquent que leurs projets avancent lentement en raison d’un manque de cadres qualifiés, un constat particulièrement visible dans le domaine de l’IT. Pour faire face à cette pénurie, le gouvernement et les grandes écoles d’ingénieurs ont mis en place des initiatives visant à renforcer la formation, avec un impact considérable sur le marché de l’IT en France. Examinons les causes de cette carence d’ingénieurs ainsi que ses répercussions sur le marché de l’emploi dans le secteur de l’IT. 

 

Quelles sont les causes de cette carence en ingénieurs ? 

De nombreux facteurs sociétaux, économiques et politiques contribuent à cette situation, mais trois d’entre eux se démarquent. D’abord, on observe une désaffection des étudiants pour les filières scientifiques dès le lycée. Le bac général scientifique ne représente que 27 % des bacheliers, son plus bas niveau depuis 1962. Cette chute, marquée par une réduction de 50 % des effectifs dans la filière entre 1962 et 2020, résulte en partie de la réforme du baccalauréat de 2019, qui a supprimé les filières L, ES et S au profit d’un système de spécialités. Parmi ces spécialités figure la filière NSI (Numérique et Sciences Informatiques), conçue comme l’héritière de la filière S, mais qui est proposée dans un nombre limité de lycées. De plus, le niveau scolaire en mathématiques a également chuté : en 1995, 15 % des élèves français atteignaient un niveau avancé en mathématiques, mais en 2015, ce chiffre n’était plus que de 1 %, et cette tendance s’est maintenue, notamment depuis le retrait des mathématiques du tronc commun. Enfin, le manque de diversité de genre dans les écoles d’ingénieurs contribue à cette carence. Bien que les femmes représentent 51,56 % de la population française, leur présence dans les écoles d’ingénieurs reste limitée à 29 %, un chiffre qui n’a pas évolué malgré une nette progression dans les années 1990 et 2000. 

Ce contexte a des répercussions importantes sur le marché de l’emploi, particulièrement dans des secteurs en forte demande tels que l’IT et le numérique. 

 

Un marché saturé 

Face à cette pénurie d’ingénieurs, la demande dans le secteur est extrêmement forte. Selon Michel Kahan, président de Syntec-Ingénierie, « 80 000 emplois supplémentaires sont nécessaires dans le secteur de l’ingénierie pour répondre aux besoins de la transition écologique, industrielle et numérique » (au micro de BFM Business). La forte demande en ingénieurs présente un avantage pour les diplômés, pour lesquels la recherche d’emploi est relativement aisée : 68 % d’entre eux disposent d’une promesse d’embauche avant même la fin de leur cursus. Le dernier rapport sur l’insertion professionnelle de la Conférence des Grandes Écoles montre que 85,8 % des diplômés trouvent un emploi dans les six mois suivant la fin de leurs études. Le secteur des TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) représente l’un des principaux employeurs, attirant 19,3 % des ingénieurs diplômés. En outre, le rapport de la CGE révèle que la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) occupe une place de plus en plus importante dans les postes proposés, avec 38,8 % des ingénieurs intégrant des missions liées à la RSE dans leurs activités. 

 

Les Initiatives pour faire face à la demande croissante 

Pour répondre à la demande d’ingénieurs, plusieurs initiatives ont été lancées. Par exemple, le Genes (Groupe des Écoles Nationales d’Économie et de Statistique) a présenté au Gouvernement et à l’Insee son programme « Genes 2027 ». Ce plan vise à augmenter de 40 % les promotions dans le domaine de la data, permettant ainsi de former 140 personnes supplémentaires par an en ingénierie des données. Pour financer cette expansion, 5,9 millions d’euros seront alloués au groupe Genes entre 2024 et 2027, avec un objectif de recruter une soixantaine de nouveaux collaborateurs pour renforcer les équipes de formation. 

 

La pénurie d’ingénieurs en France, accentuée par des causes structurelles et sociétales, affecte particulièrement le secteur de l’IT et du Digital. Des mesures mises en place, telles que le programme « Genes 2027 », marquent une étape essentielle pour combler cet écart, mais une refonte plus large du système éducatif, notamment en sciences et mathématiques, semble également nécessaire pour redonner aux filières scientifiques l’attractivité perdue. 

 

Clément Fradique 

Rencontrons-nous
Notre équipe est à votre écoute, saisissez votre opportunité.
Contact