Par Clément Fradique
Le télétravail, problème ou solution pour les entreprises ?
Au cours des quatre dernières années, le télétravail a évolué de manière significative, notamment avec l’avènement de la pandémie de Covid-19 en 2020. Avant cette crise sanitaire, bien qu’encadré par le code du travail depuis 2012, le télétravail restait limité dans son utilisation et n’était pas généralisé dans les entreprises.
Avec l’irruption du Covid-19 et les mesures de confinement qui ont suivi, le télétravail est rentré dans de nombreuses entreprises, permettant ainsi de maintenir leurs activités tout en limitant le risque de propagation. Cette transition s’est effectuée rapidement, facilitée par les avancées technologiques en matière de communication à distance.
De plus, il existe plusieurs types de télétravail : le plus classique est l’hybride qui comme son nom l’indique est mis en place sur certains jours de la semaine. C’est la formule la plus présente en entreprise. Il y aussi le télétravail ponctuel qui est exceptionnel et dépend d’élément extérieure. Enfin, il y le “full remote”. Ce dernier est un poste uniquement en télétravail. Il est encore assez mineur même si certaines entreprises le pratique de plus en plus.
De nombreuses entreprises, notamment dans le secteur et fonctions tertiaires, ont adopté le télétravail, qui s’est progressivement intégré au paysage professionnel français. Selon Statista, environ 33 % des salariés français ont eu recours au télétravail en 2023. Quel est l’impact pour les entreprises et les collaborateurs. Entre les succès du télétravail et ses déboires, retour sur le phénomène qui nous touche tous.
Comment le télétravail s’est-il installé dans le paysage français ?
Depuis le confinement, le télétravail est devenu un acquis pour les salariés. Dans l’esprit collectif c’est une variable importante du monde professionnel. Dans son rapport annuel de 2023, L’Observatoire du télétravail nous éclaire sur la situation et les raisons qui poussent les salariés à aller vers cette pratique. L’un des aspects positifs qui revient le plus lorsque l’on évoque le télétravail ou le travail à distance, c’est l’équilibre de vie qu’il apporte aux salariés. Ils sont 82 % à opter pour cette pratique pour avoir un meilleur équilibre de vie. Pour 91% des personnes interrogées, la maîtrise du temps de trajet est la motivation principale à la demande de télétravail. En effet, la durée de trajet (30 minutes en moyen en France) dépend de paramètres aléatoires et non maîtrisables : mauvaise circulation, risque d’accident, dysfonctionnements des transports en commun, qui sont de fait neutralisé par le travail à distance. De plus, ce dernier permet plus de flexibilité. Dans le sondage, 65% déclarent avoir la possibilité d’adapter leurs horaires de travail aux besoins de leur vie personnelle. Par ailleurs, le télétravail offre la possibilité d’effectuer un travail pour une personne ne se trouvant pas forcément dans l’aire géographique du site de l’entreprise. Il est important de noter que le “télétravail n’est pas un droit pour le salarié” comme nous l’explique le site du gouvernement économie.gouv.fr. De plus, le télétravail n’est pas forcément une solution miracle aussi bien pour l’entreprise que le collaborateur et comporte certains inconvénients.
Le télétravail est devenu un argument dans le processus de recrutement. Il y a de plus en plus de mention de télétravail dans les offres d’emploi. Beaucoup de candidats sont intéressés par la possibilité d’effectuer quelques jours de télétravail dans la semaine ou alors en “full remote”, c’est à dire en totalité en télétravail. De plus, le télétravail permet aux entreprises de fidéliser leurs employés. La plupart du temps, le travail à domicile est possible seulement à partir d’un certain temps d’anciennement (pas une longue période 2-3 mois).
Les pièges du télétravail, entre flou juridique et contraintes.
Premièrement, le télétravail, du fait de sa nature, se concentre sur les activités tertiaires principalement, créant ainsi une rupture sociale entre certains individus/professions. Lorsque l’on pense au télétravail, on a l’image d’un cadre plus sain et agréable pour l’employé. La réalité est tout autre. Certains salariés ressentent une pression pour prendre un congé maladie. 31% des interrogés déclarent éviter de prendre un arrêt maladie pour ne pas perdre de salaire. Pour le salarié, le télétravail est une charge supplémentaire. Ils sont 45% à indiquer que leurs employeurs ne participent pas aux frais de ce dispositif (siège ergonomique, écran…). De plus, le télétravail peut entraîner un isolement social et des problèmes de santé physique liés à une sédentarité accrue tels que des RPS (risques psychosociaux) et des TMS (troubles musculosquelettiques).
Souvent mis en avant lors de la création du contrat, le télétravail ne plaît pas forcément à tous. De plus, il existe de nombreux flous juridiques autour. Peut-on avoir un arrêt de travail si on se blesse chez soi ? Pourquoi certains salariés ont-ils droit au travail à distance et d’autres non… Toutes ces questions restent en suspens car la loi du travail ne définit pas encore clairement certains aspects concernant le télétravail.
Les entreprises prêtent pour le télétravail ?
Bien que le télétravail attire de plus en plus d’adeptes, on peut se demander si tous les acteurs du monde professionnel sont suffisamment préparés pour éviter le piège du “télé” et non du télétravail. Tout d’abord, les formations doivent s’adapter au télétravail. Certaines sont exclusivement faites en ligne, ce qui pose la question du niveau par rapport à une formation effectuée avec un professionnel et dans un cadre plus propice qu’un lit ou un canapé. Certains employés, lorsqu’ils pratiquent le télétravail, n’hésitent pas à faire d’autres activités en parallèle de leur travail (lessive, aller chercher des colis…). D’un point de vue relationnel, le télétravail n’a pas que des avantages car il sépare les individus et réduit leurs interactions sociales. Ce phénomène peut créer des sentiments de solitude voire, dans les cas les plus graves, des dépressions.
Pour les managers, le télétravail peut représenter des défis, notamment en termes de communication et de coordination d’équipe. La grande difficulté pour les managers est de pouvoir accompagner leurs équipes et de suivre leur travail. Certains estiment que le télétravail rend leur mission plus complexe, en particulier lorsque les employés ne sont présents sur site que quelques jours par semaine. Certains observent également une baisse du niveau de compétence ainsi qu’un manque de lien social entre les collaborateurs. Cependant, il faut noter qu’il existe certains outils qui donnent la possibilité aux managers de pouvoir suivre leur équipe à distance et de ne pas perdre le lien avec celles-ci.
Malgré ces défis, le télétravail offre une autonomie et une liberté qui peuvent contribuer à un meilleur équilibre de vie. Une approche hybride, combinant travail à distance et travail en présentiel, semble être la meilleure solution pour de nombreuses entreprises et employés, permettant de concilier les avantages du télétravail avec les besoins organisationnels et sociaux des entreprises. Le gouvernement insiste même sur le développement du travail à distance. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, veut « En 2055, pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait qu’on fasse davantage de télétravail que ce qu’on fait aujourd’hui, puisqu’il faut qu’il y ait 10 millions de travailleurs français qui fassent en moyenne deux jours de télétravail par semaine ». Une prise de position qui risque de faire grincer des dents chez certains qui estiment que le télétravail est déjà un peu trop implanté dans les entreprises françaises.
Clément Fradique
Au cours des quatre dernières années, le télétravail a évolué de manière significative, notamment avec l’avènement de la pandémie de Covid-19 en 2020. Avant cette crise sanitaire, bien qu’encadré par le code du travail depuis 2012, le télétravail restait limité dans son utilisation et n’était pas généralisé dans les entreprises.
Avec l’irruption du Covid-19 et les mesures de confinement qui ont suivi, le télétravail est rentré dans de nombreuses entreprises, permettant ainsi de maintenir leurs activités tout en limitant le risque de propagation. Cette transition s’est effectuée rapidement, facilitée par les avancées technologiques en matière de communication à distance.
De plus, il existe plusieurs types de télétravail : le plus classique est l’hybride qui comme son nom l’indique est mis en place sur certains jours de la semaine. C’est la formule la plus présente en entreprise. Il y aussi le télétravail ponctuel qui est exceptionnel et dépend d’élément extérieure. Enfin, il y le “full remote”. Ce dernier est un poste uniquement en télétravail. Il est encore assez mineur même si certaines entreprises le pratique de plus en plus.
De nombreuses entreprises, notamment dans le secteur et fonctions tertiaires, ont adopté le télétravail, qui s’est progressivement intégré au paysage professionnel français. Selon Statista, environ 33 % des salariés français ont eu recours au télétravail en 2023. Quel est l’impact pour les entreprises et les collaborateurs. Entre les succès du télétravail et ses déboires, retour sur le phénomène qui nous touche tous.
Comment le télétravail s’est-il installé dans le paysage français ?
Depuis le confinement, le télétravail est devenu un acquis pour les salariés. Dans l’esprit collectif c’est une variable importante du monde professionnel. Dans son rapport annuel de 2023, L’Observatoire du télétravail nous éclaire sur la situation et les raisons qui poussent les salariés à aller vers cette pratique. L’un des aspects positifs qui revient le plus lorsque l’on évoque le télétravail ou le travail à distance, c’est l’équilibre de vie qu’il apporte aux salariés. Ils sont 82 % à opter pour cette pratique pour avoir un meilleur équilibre de vie. Pour 91% des personnes interrogées, la maîtrise du temps de trajet est la motivation principale à la demande de télétravail. En effet, la durée de trajet (30 minutes en moyen en France) dépend de paramètres aléatoires et non maîtrisables : mauvaise circulation, risque d’accident, dysfonctionnements des transports en commun, qui sont de fait neutralisé par le travail à distance. De plus, ce dernier permet plus de flexibilité. Dans le sondage, 65% déclarent avoir la possibilité d’adapter leurs horaires de travail aux besoins de leur vie personnelle. Par ailleurs, le télétravail offre la possibilité d’effectuer un travail pour une personne ne se trouvant pas forcément dans l’aire géographique du site de l’entreprise. Il est important de noter que le “télétravail n’est pas un droit pour le salarié” comme nous l’explique le site du gouvernement économie.gouv.fr. De plus, le télétravail n’est pas forcément une solution miracle aussi bien pour l’entreprise que le collaborateur et comporte certains inconvénients.
Le télétravail est devenu un argument dans le processus de recrutement. Il y a de plus en plus de mention de télétravail dans les offres d’emploi. Beaucoup de candidats sont intéressés par la possibilité d’effectuer quelques jours de télétravail dans la semaine ou alors en “full remote”, c’est à dire en totalité en télétravail. De plus, le télétravail permet aux entreprises de fidéliser leurs employés. La plupart du temps, le travail à domicile est possible seulement à partir d’un certain temps d’anciennement (pas une longue période 2-3 mois).
Les pièges du télétravail, entre flou juridique et contraintes.
Premièrement, le télétravail, du fait de sa nature, se concentre sur les activités tertiaires principalement, créant ainsi une rupture sociale entre certains individus/professions. Lorsque l’on pense au télétravail, on a l’image d’un cadre plus sain et agréable pour l’employé. La réalité est tout autre. Certains salariés ressentent une pression pour prendre un congé maladie. 31% des interrogés déclarent éviter de prendre un arrêt maladie pour ne pas perdre de salaire. Pour le salarié, le télétravail est une charge supplémentaire. Ils sont 45% à indiquer que leurs employeurs ne participent pas aux frais de ce dispositif (siège ergonomique, écran…). De plus, le télétravail peut entraîner un isolement social et des problèmes de santé physique liés à une sédentarité accrue tels que des RPS (risques psychosociaux) et des TMS (troubles musculosquelettiques).
Souvent mis en avant lors de la création du contrat, le télétravail ne plaît pas forcément à tous. De plus, il existe de nombreux flous juridiques autour. Peut-on avoir un arrêt de travail si on se blesse chez soi ? Pourquoi certains salariés ont-ils droit au travail à distance et d’autres non… Toutes ces questions restent en suspens car la loi du travail ne définit pas encore clairement certains aspects concernant le télétravail.
Les entreprises prêtent pour le télétravail ?
Bien que le télétravail attire de plus en plus d’adeptes, on peut se demander si tous les acteurs du monde professionnel sont suffisamment préparés pour éviter le piège du “télé” et non du télétravail. Tout d’abord, les formations doivent s’adapter au télétravail. Certaines sont exclusivement faites en ligne, ce qui pose la question du niveau par rapport à une formation effectuée avec un professionnel et dans un cadre plus propice qu’un lit ou un canapé. Certains employés, lorsqu’ils pratiquent le télétravail, n’hésitent pas à faire d’autres activités en parallèle de leur travail (lessive, aller chercher des colis…). D’un point de vue relationnel, le télétravail n’a pas que des avantages car il sépare les individus et réduit leurs interactions sociales. Ce phénomène peut créer des sentiments de solitude voire, dans les cas les plus graves, des dépressions.
Pour les managers, le télétravail peut représenter des défis, notamment en termes de communication et de coordination d’équipe. La grande difficulté pour les managers est de pouvoir accompagner leurs équipes et de suivre leur travail. Certains estiment que le télétravail rend leur mission plus complexe, en particulier lorsque les employés ne sont présents sur site que quelques jours par semaine. Certains observent également une baisse du niveau de compétence ainsi qu’un manque de lien social entre les collaborateurs. Cependant, il faut noter qu’il existe certains outils qui donnent la possibilité aux managers de pouvoir suivre leur équipe à distance et de ne pas perdre le lien avec celles-ci.
Malgré ces défis, le télétravail offre une autonomie et une liberté qui peuvent contribuer à un meilleur équilibre de vie. Une approche hybride, combinant travail à distance et travail en présentiel, semble être la meilleure solution pour de nombreuses entreprises et employés, permettant de concilier les avantages du télétravail avec les besoins organisationnels et sociaux des entreprises. Le gouvernement insiste même sur le développement du travail à distance. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, veut « En 2055, pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait qu’on fasse davantage de télétravail que ce qu’on fait aujourd’hui, puisqu’il faut qu’il y ait 10 millions de travailleurs français qui fassent en moyenne deux jours de télétravail par semaine ». Une prise de position qui risque de faire grincer des dents chez certains qui estiment que le télétravail est déjà un peu trop implanté dans les entreprises françaises.
Clément Fradique