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La place de la femme dans le monde l'IT

Vie au travail

La place de la femme dans le monde l'IT

L’informatique est l’un, si ce n’est le secteur d’activité, qui est en forte croissance et qui recrute le plus. D’après le rapport du gouvernement « Les Métiers en 2030 », on prévoit une augmentation de 180 000 postes d’ingénieur en informatique d’ici 2030. Le secteur du numérique, en particulier, a vu une croissance notable dans la création d’emplois, avec une augmentation de près de 29 % du nombre d’ingénieurs. Pourtant, une partie de la population est sous-représentée dans ce domaine : les femmes. En effet, seulement 29 % des effectifs du numérique en France sont des femmes. Mais comment expliquer cette situation, et existe-t-il des solutions pour remédier à cette tendance ? 

 

 

Les femmes et l’IT, une histoire complexe 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la relation entre les femmes et le monde du numérique ne date pas d’hier. En 1843, le premier algorithme pouvant être exécuté par un ordinateur est créé par Ada Lovelace, une pionnière de l’informatique. Du XIXe siècle jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, la programmation était essentiellement effectuée par des femmes. Au XXIe siècle, nombre de femmes occupent des rôles clés dans l’industrie de l’informatique, comme Meg Whitman, présidente et CEO de Hewlett Packard Enterprise, et Marissa Mayer, présidente et CEO de Yahoo!, ainsi que porte-parole pour le groupe Google. 

Aujourd’hui, les femmes ne sont pas forcément présentes en grand nombre dans le domaine de l’informatique. Généralement, dans les entreprises de la tech, elles occupent des rôles de support plutôt que des postes techniques. Elles représentent ainsi 96 % des secrétaires et 68 % des effectifs en ressources humaines. En revanche, dans les fonctions plus techniques, comme celles d’ingénieur en informatique, la présence féminine est bien moins élevée, avec seulement 27 % des postes occupés par des femmes. Rien que dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA), les femmes ne représentent que 30 % des effectifs. Peu de femmes se forment dans ce domaine : seulement 33,7 % des inscrits aux cours sur l’IA et la data sont des femmes. En France, la croissance de la féminisation dans ce secteur est relativement faible (5 %) par rapport au niveau européen (15 %). 

Cette situation s’explique par des contraintes sociales : seulement 33 % des filles sont encouragées par leurs parents à se tourner vers l’IT, contre 61 % pour les garçons. Cette tendance se retrouve jusque dans les écoles d’informatique, où les filles ne représentent que 10 % des effectifs. 

 

Les difficultés des femmes dans le monde de l’IT 

Comme expliqué ci-dessus, l’une des principales difficultés que rencontrent les femmes se présente dès le plus jeune âge, avec des stéréotypes ancrés qui influencent le choix de carrière. Mais au-delà de ces représentations tenaces, les femmes sont confrontées à d’autres obstacles. Parmi eux, les écarts de rémunération (une difficulté qui se retrouve dans la plupart des secteurs). Une étude de 2021 menée par Numeum révèle ainsi un écart de 3,4 % en défaveur des femmes dans le numérique (un chiffre tout de même inférieur à l’écart moyen de 16 % observé tous secteurs confondus). Cependant, dans les postes les plus rémunérateurs, cet écart se creuse : les hommes gagnent en moyenne 11 % de plus que les femmes. L’écart salarial médian annuel entre les ingénieurs hommes et femmes s’élève, lui, à 18 %, soulignant la nécessité d’une politique salariale plus équitable. Les postes de direction sont majoritairement occupés par des hommes : seulement 22 % des femmes ont un poste de directeur. Il est important de préciser que ce chiffre est en partie dû au fait que moins de femmes sont disponibles sur le marché de l’emploi. 

Les femmes sont également moins bien accompagnées : les start-ups créées par des femmes reçoivent 2 à 3 fois moins de financement que celles dirigées par des hommes. 

Le secteur de la tech n’est pas épargné par le sexisme et le harcèlement. En France, 46 % des femmes travaillant dans la tech révèlent avoir été victimes de comportements sexistes. 43 % des interrogées ont même pensé à quitter leur poste dans la semaine suivant ces expériences. Ces difficultés contribuent sans doute à la faible représentation des femmes dans le numérique. Ainsi, 33 % des femmes présentes dans l’IT estiment avoir été découragées parce que ce secteur « n’est pas un milieu de femmes ». Face à ce constat alarmant, quelles solutions peut-on envisager ? 

 

Les solutions potentielles 

Tout n’est pas perdu, de nombreuses initiatives sont mises en place pour accompagner les femmes dans le monde de l’IT. C’est le cas du Forum Réseaux & Carrières au Féminin, porté par l’association Elles Bougent. En 2025, se tiendra la 13e édition. En 2024, près de 2 000 candidates s’y sont inscrites et 2 400 entretiens ont été validés. Ce colloque aborde différents sujets, comme la négociation salariale, la préparation aux entretiens d’embauche, les perspectives de carrière à l’international, et l’optimisation du profil LinkedIn. Chaque année, cet événement ambitionne d’aider les femmes à intégrer des métiers techniques encore largement masculins. 

Sur un plan plus régional, l’événement HTM.elle vise à féminiser l’IT à Roubaix et Lille. Au programme : visites de sites, tests métier et ateliers découverte. Créé en 2020, HTM.elle a déjà réuni 250 participantes. Selon les organisateurs, une participante sur deux a décidé de poursuivre un parcours de formation pour évoluer vers une carrière scientifique à la suite de cet événement. 

Il existe également des aides comme Becomtech, qui propose des formations et des programmes de sensibilisation pour les jeunes filles et femmes de 14 à 25 ans. Salesforce, avec son initiative « 1000 Femmes dans la Tech », propose de coacher un millier de femmes pour les accompagner vers des carrières numériques. 

Bien que moins mises en avant, des femmes peuvent servir de modèles pour les jeunes filles souhaitant s’orienter vers l’IT. Des figures telles qu’Anaïs Libold, directrice Europe Broadcast & Content chez Dolby Laboratories, Valérie Piau, vice-présidente marketing (Europe, Moyen-Orient, Afrique) du fabricant de produits informatiques Acer, ou encore Whitney Wolfe Herd, créatrice de Tinder et Bumble, sont de formidables exemples de réussite féminine dans l’IT. 

 

Le faible taux de représentation des femmes dans le secteur de l’IT s’explique par un mélange de stéréotypes ancrés, d’inégalités salariales et d’un environnement parfois hostile. Cependant, des initiatives voient le jour pour accompagner les femmes dans ce domaine en pleine croissance. Sensibiliser les jeunes filles dès le plus jeune âge, encourager la formation et soutenir l’entrepreneuriat féminin sont autant de leviers qui permettront de changer progressivement la donne. Si le chemin vers l’égalité est encore long, la dynamique actuelle montre que des avancées sont possibles et qu’un avenir plus inclusif dans l’IT est envisageable. 

 

 Clément Fradique 

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